27 septembre 2014

La Sainteté Stéphane (1961-1986)


Un film hommage post-mortem pour un peintre fulgurant, disparu à l’âge absurde de 25 ans fait par Gérard Preszow, cinéaste et ami. Chant funèbre, lettre ouverte à un assassiné. Ce film aurait pu être dans une proximité qui ne rendait pas la juste distance. Or le portrait qui est fait de Stéphane Mandelbaum signale son intensité de vie et sa volonté suicidaire. Surdoué, "mauvais garçon", dessinateur instinctif et magnifique, peintre proche de Bacon, de Soutine et de Schiele, il a assumé à la fois sa judaïté avec le poids de l’holocauste et sa révolte en vivant à "sexe répandu", épousant Claudia, une zaïroise, souteneur et amant multiple, trafiquant dans des zones troubles et mourant comme un obscur truand dans une histoire de trafic d’œuvre d’art. Reste ce que montre le cinéaste, ces multiples dessins au bic, couvrant les pages de graffitis, de messages, d’interrogations, de souffrances et de pensées et ses tableaux livrés au rouge du sang et au noir de la mort. Vivant, il se représente comme livré à la violence du supplice. Dans une lettre il parle des femmes, des armes à feu, du sexe, du vol, des attaques à main armée, bref de toutes ses tentations d’anéantissement. Gérard Preszow conduit son film entre deux cérémonies d’adieu, celle conduite par un rabbin et celle des femmes africaines qui l’ont aimé. Et la musique chant yiddish ou celle plus orchestrale de l’Afrique ou de l’Europe sont là. Gérard Preszow ressent très jeune, par goût de la littérature, le désir de devenir écrivain. C'est tout naturellement qu'il devient licencié-agrégé en philologie romane à l'ULB et dirige Revue et Corrigée, une revue littéraire qui publie de nombreux textes dont ceux de William Cliff et d'Eugène Savitskaya. Passionné par l'art brut il devient responsable de la galerie Art en marge. Ses premiers pas dans le cinéma il les opère à Visions, la revue de cinéma dirigée par Philippe Reynaert où il tient la chronique des films sur l'art. Il collabore au Portrait du peintre dans son atelier, un film que Boris Lehman réalise sur Arié Mandelbaum. Puis, du même réalisateur, Muet comme une carpe qui lui refile le virus du cinéma. Début d'une déjà longue carrière de cinéaste-militant.

La Sainteté Stéphane (1961-1986), (1993 - 43') sera projeté dans le cadre de nos rendez-vous mensuels sur le temps de midi Doc sur le pouce à Point Culture Bruxelles
Date : 03/10/2014 à 12h30
Lieu : Point Culture Bruxelles - rue Royale 145 à 1000 Bruxelle
P.A.F. : 5 € sandwich et boisson compris
Infos et réservation : bxlcentre@pointculture.be - 02/737 19 60.

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